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LE VISAGE DES HORIZONS LOINTAINS
par Ngoc-Thu Flament

           Da-Nang, juillet 1992

           Sean ! Il est apparu à l’entrée de la salle, silhouette longiligne, bavardant avec une autre personne encore invisible.
           Sean est revenu. Je le fixe des yeux. J’arrête le temps. Qu’il ne disparaisse pas, non ! J’ai tant de choses à lui dire !
           Il croise mon regard, puis reprend la discussion avec son compagnon. Un nez un peu court bien planté au milieu d’un visage allongé, des lèvres charnues, et ce charme de l’enfant qui devient adulte, de l’ange qui devient homme : il a la même silhouette que Sean, le même profil que Sean. Mais ce n’est pas Sean. Les deux hommes passent à côté de ma table. Ils discutent en français. Je ne comprends pas tout ce qu’ils disent. Cela fait si longtemps que je n’ai plus entendu parler cette langue.
           Ce n’est pas Sean, non ! Il a cet accent léger des enfants heureux, des adolescents qui n’ont jamais vraiment connu la peur, la souffrance. Il a le regard du jeune homme sûr de sa beauté et de l’enfant un peu gêné de ce cadeau dont il ne sait pas encore quoi faire.
           Il se retourne de nouveau vers moi, étonné de mon insistance. Je n’ai pas réalisé que je le regarde depuis plusieurs minutes. Je lui souris en guise d’excuse, puis détourne la tête.

           L’hôtel se relève à peine de ses vingt ans d’inactivité. Les fenêtres remplacées cachent tout juste la misère passée. Les gémissements, les pleurs des épouses de passage, sur la route du bagne où étaient emprisonnés leurs époux, résonnent encore dans la mémoire des murs rafraîchis à la chaux.
           Le restaurant est presque vide. Deux Vietnamiens revenus de Floride, installés bien en vue au milieu de la salle, étalent bruyamment leur réussite outre pacifique et parlent de “ joint venture ” avec le gouvernement vietnamien pour développer le tourisme dans le pays. Près du comptoir, un Américain au visage émacié essaie de nouer une conversation avec une serveuse qui s’éclipse. Il m’envoie un salut de la main. Je lui réponds par un sourire.
           Loin de l’agitation de Saigon, je me sens encore plus étrangère qu’un touriste visitant le Viêt-nam pour la première fois. La réceptionniste derrière son regard poli, me jauge, me juge : pire que les étrangers, je suis l’expatriée, la traîtresse qui n’a pas partagé ses souffrances, la femme de même race et pourtant devenue si différente. Mes origines se dissolvent. Mes racines se dérobent sous mes pieds. Et cet Américain à côté du comptoir, avec ses cheveux longs et ses lunettes de myope, représente maintenant le seul point de référence qui me reste. Je le sens bien plus proche que les deux autres Vietnamiens. Je le perçois presque comme un compatriote.
           A présent, ce sont les deux Français qui me regardent. Ils se ressemblent. Ils doivent être père et fils.
           A quoi ressemblerait Sean, s’il était encore en vie ? A ce monsieur ? Peut-être pas ! Avec l’âge, les différences s’accentuent. Le regard, les gestes se personnalisent. La culture sépare. L’Américain et l’Européen adultes n’ont plus en commun que leur lointaine parenté.
           Non, Sean ne ressemblerait pas à ce monsieur. D’ailleurs, il ne peut pas vieillir. Il a toujours dix neuf ans, pour moi, avec son regard limpide qui se voilait quand je lui demandais combien il avait tué d’ennemis...

           Dehors, la nuit vient de tomber. La lune étend son sillon lumineux sur l’océan mouvant. Les rouleaux s’élancent vers le ciel, puis retombent dans un bruit sourd sur leurs rêves inassouvis.
           On raconte que par nuits agitées, des fantômes de G.I reviennent surfer sur les vagues. Sean venait de la côte californienne et pratiquait ce sport, mais je ne l’ai jamais vu danser sur les rouleaux. Peut-être reviendrait-il enfin me faire une démonstration de son talent ?
           L’Américain aux cheveux longs vient me rejoindre comme la veille. Il a loué une moto et sillonne la région depuis une semaine. C’était là, à Da-Nang qu’il était affecté vingt-cinq ans auparavant. Il me montre du doigt l’emplacement de l’ancienne base militaire américaine. Il s’était battu comme tout Américain de sa génération, pour défendre une idéologie, une terre qu’il ne connaissait guère. Il s’appelle Bill. Il est écrivain à ses heures, ce qui s’explique ; car pour revenir seul au Viêt-nam, moins de vingt ans après la guerre, il faut être un peu inconscient. Mais il m’assure qu’il n’est pas aventurier. Retirant ses lunettes de myope, il me parle de la jeune Vietnamienne qu’il avait aimée et qui était morte, tuée par les villageois, ses propres compatriotes, tout simplement parce qu’elle était sa maîtresse. Il est revenu là pour comprendre cette tuerie, pour se défaire de la folie des hommes. Il cherche à exorciser le passé.
- Je me demande vraiment à quoi a servi cette guerre, dit-il.
- Moi aussi, je me pose la question, ajouté- je. Depuis que le régime communiste est tombé en URSS, je n’arrête pas de me demander pourquoi. Pourquoi ces trente ans de guerre, et je ne trouve pas de réponse.
- Oui ! reprend Bill. Et quand on commence à se demander pourquoi, on ne s’en sort plus.
- C’est tellement absurde, dis-je. Je finis par penser que la guerre est une façon facile de vivre.
- Une façon facile de vivre ? s’exclame Bill. Tous ces G.I. tués ! Et tous ceux qui se sont retrouvés infirmes pour le restant de leur vie ! Vous trouvez que c’est une façon facile de vivre ?
- Ce n’est pas facile de vivre une infirmité. Mais la guerre est dans la nature des hommes. Les primitifs ont toujours fait la guerre. Et nous en sommes toujours là ; seulement, il nous faut enrober tout cela dans des histoires d’idéologie pour nous persuader que nous sommes des gens civilisés, et cultivés, et idéalistes...
- Vous croyez vraiment ?
- Oui ! On se persuade qu’on est des héros parce qu’on défend la bonne cause. Mais où est la bonne cause ? N’importe quel imbécile peut prendre un fusil et tirer sur les autres en se disant que c’est pour la bonne cause. Il n’a pas besoin de réfléchir pour cela. C’est beaucoup plus difficile de construire un pays, de développer une société dans la paix que de se lancer dans une guerre.
- Je ne sais pas ! Je ne sais pas ! soupire Bill en faisant un geste vague de la main. Je suis sorti sauf de cette guerre. Mais sain ? Je l’ignore. Je n’arrête pas de culpabiliser. Je ne peux pas renier cette tranche de ma vie non plus, alors je cherche à me justifier. Mais je ne sais pas... Il y a tellement de hoses contradictoires. Par exemple, on pense qu’aimer est quelque chose de magnifique. Mais l’amour peut entraîner la mort aussi. L’image ensanglantée de My, la jeune Viêt que j’ai aimée, me poursuit toujours dans mes cauchemars...
           Sean ne connaît pas ces remords. Ces souffrances lui sont épargnées, mais dois- je m’en réjouir pour autant ?
- Connaissez- vous un G.I. du nom de Sean ? lui demandé- je.
- Sean, comment ?
- Sean Hightower
- De quelle unité ?
- Je l’ignore.
           Sean Hightower ! Ce n’est pas un nom très courant. Il s’en souviendrait s’il l’avait connu. Mais il a fait son service militaire quelques années avant Sean ; donc, il n’a pas pu rencontrer ce dernier. Et puis d’ailleurs, Sean n’était resté que peu de temps dans ce camp. Il a très vite demandé sa mutation, et c’est à Saigon que je l’ai rencontré. S’il n’avait pas quitté Da-nang, il serait peut-être encore en vie. Et je ne l’aurais jamais connu non plus.
- Que faites-vous toute seule, ici ?
           Je sursaute. Pourquoi suis-je donc venue à Da-Nang puisque c’est à Saigon que j’ai connu Sean ?
           En vérité, j’ignore ce que je recherche. J’essaie de rassembler les quelques pièces du puzzle que je connais sur la vie de Sean, pour donner un sens à ma quête. Je voudrais tellement qu’il soit là, pour dénouer les fils du passé, pour changer le cours des choses.
- Je suis comme vous ! Je suis en pèlerinage.
           Bill me sourit.
- C’est un drôle de pèlerinage, me dit-il. C’est plutôt une replongée en enfer, oui ! Mais j’espère bien m’en ressortir débarrassé de mes fantômes.
- Moi, je ne cherche pas à me débarrasser de mes fantômes. J’aimerais pouvoir les affronter pour une fois.

           Un homme fredonne un petit air de jazz derrière nous. Je me retourne : les deux Français passent à notre hauteur, hésitent un peu, puis viennent se joindre à nous.
- Hello ! dit le plus âgé.
- Bonsoir ! reprend en écho le plus jeune.
           Bill semble déjà connaître les deux hommes. Il fait les présentations.
- Monsieur Delouvois ! dit Bill. Jérôme Delouvois et son fils Olivier. Et voici Mrs Hamilton.
           Monsieur Delouvois me tend la main. J’hésite. Malgré les vingt ans passés aux Etats-Unis, je n’ai toujours pas intégrer cette coutume dans mes habitudes. L’homme retire sa main. J’avance la mienne. Il présente de nouveau sa main pendant que je glisse mes doigts dans les poches de mon pantalon... Il éclate de rire, et je me contente de lui dire « bonsoir » en français.
- Choc des cultures ? me dit-il en anglais avec un fort accent français. Pourtant, je crois que les Vietnamiens serrent aussi les mains pour dire bonjour !
           Bill entreprend de me répéter les propos certainement par crainte que je ne comprenne pas l’accent de monsieur Delouvois.
- Les Vietnamiens ne serrent pas la main, non ! dis-je.
- Et comment faites- vous pour dire bonjour, alors ?
- On dit « bonjour » tout simplement ; Et quand on s’adresse à quelqu’un qu’on respecte, on incline la tête en signe de déférence.
           Puis, cherchant mes mots en français, je poursuis :
- Les Vietnamiens serraient la main par mimétisme, pour faire comme les Français du temps de la colonisation, mais ce n’est pas dans nos coutumes.
- Ah donc, vous parlez aussi notre langue ! s’exclame monsieur Delouvois, tout content. Je commençais à désespérer de trouver quelqu’un au Viêt-nam qui parle le français. Nous sommes pourtant restés longtemps dans le pays...
- Mais vous êtes partis, il y a longtemps aussi !
- Oh, quand même ! C’était quand la décolonisation ?
- En 1954 !
- Même pas quarante ans ! Trente-huit ans, ce n’est pas grand’ chose dans l’Histoire d’un pays, quand même !
- Ce n’est pas grand’ chose dans l’Histoire d’un pays, mais c’est beaucoup dans la mémoire d’un homme, continué- je en anglais. J’ai beaucoup de mal à parler le français maintenant.
- De quoi parlez-vous ? demande Bill.
- De la colonisation française ! dis-je.
- Ah vous, les Français, vous ne pouvez vraiment pas vous empêcher de regretter vos anciennes conquêtes coloniales !
- Et vous alors ? réplique monsieur Delouvois. Que faisiez-vous donc au Viêt-nam ?
- Nous les Américains, nous ne colonisions personne, mais nous avons toujours le don de nous trouver enrôler dans des guerres qui ne nous mènent nulle part.
           Monsieur Delouvois éclate de rire ; Mais il ne semble pas souhaiter s’engager dans ce genre de discussion. Se tournant vers moi, il demande :
- Vous allez rester encore longtemps ici ?
- Non ! Je repars demain vers le Sud.
- Dommage ! Vous auriez pus nous servir de guide !
- Je ne vous serais d’aucune utilité, parce que je ne connais pas plus le pays que vous !
- Parce que vous n’êtes pas d’origine vietnamienne ? s’étonne- t- il.
- Si ! Mais dans le temps, avec la guerre, nous nous éloignions très rarement de Saigon !
- Et vous allez retourner à Saigon, demain ?
- Non ! Pas tout de suite ! Je vais passer par Nha-Trang d’abord. Et puis d’ailleurs, je vais vous laisser parce que je dois me lever tôt demain.
           Le jeune Olivier n’a pas dit un seul mot durant la conversation ; peut-être ne parle- t- il pas suffisamment bien l’anglais pour pouvoir ou oser s’exprimer.
           Je devrais m’exercer plus souvent à parler en français.

           En fait, je suis née à Paris où j’ai vécu jusqu’à l’âge de huit ans. Mais je n’ai gardé que peu de souvenirs de cette époque. Père était dentiste mais de nature très réservée, il ne communiquait pas facilement et n’avait pas beaucoup de clients. Maman a dû ouvrir un restaurant “chinois ” pour nous faire vivre. Elle travaillait quinze à seize heures par jour.
           Puis un soir, quelqu’un était venu au restaurant, un vieil ami de Père qui était devenu Ministre au Viêt-nam à ce qu’on me disait. C’était en 1965 : le président Ngô-Dinh-Diêm, originaire du Centre-Viêt-nam, avait été renversé depuis presque un an déjà, et les vieilles familles du Sud avaient repris le pouvoir. Les Américains étaient déjà bien engagés sur place pour aider le nouveau gouvernement.
           L’homme avait discuté longuement avec Père, et l’avait persuadé de “revenir ” enseigner à la faculté de Médecine de Saigon, pour contribuer au développement du pays et empêcher l’avancée du communisme : discours politique qui n’avait pas dû trop influencer Père, mais qui l’avait néanmoins fait vaciller.
           A Paris, il y avait les Vietnamiens pro-communistes, les Vietnamiens anti-communistes, et ceux qui ne cherchaient qu’à vivre tranquilles. Père faisait partie de ces derniers, mais la nostalgie du passé le tenaillait. Il parlait de plus en plus souvent des terres de ses ancêtres, des immensités marécageuses qu’il avait sillonnées en hors-bord avec son père. Tout cela ne lui appartenait plus : exproprié par le gouvernement Ngô-Dinh-Diêm. Mais qu’importait ! Le souvenir restait.
           Maman, elle, n’était pas favorable à un retour au Viêt-nam. Cette guerre qui s’amplifiait, cette intrusion des Américains dans le Sud ne l’inspirait guère. Mais le travail du restaurant la fatiguait de plus en plus.
           Et un jour de décembre, nous étions “rentrés ” au pays. Du moins, mes parents étaient “retournés ” à Saigon ; mais pour moi, je n’ai jamais su où étaient mes racines. Je comprenais la langue du pays parce que mes parents parlaient vietnamien à la maison, mais je ne le pratiquais pas. En France, les autres enfants me chahutaient, m’appelaient “la Chinoise ”, et pour être comme tout le monde, je parlais uniquement le français, même à la maison. Maman s’adressait à moi en vietnamien, je lui répondais en français.
           A Paris, j’étais “la Chinoise ”. Et au Viêt-nam, je ne savais plus ce que j’étais. A l’école, les quelques Français et Eurasiens qui vivaient encore à Saigon restaient en cercles fermés. Et les Vietnamiens se fréquentaient entre eux. Je n’étais pas Française, et je ne parlais pas vietnamien. Je restais donc toute seule.
           J’ai appris très vite à parler la langue du pays, mais ce sentiment de la différence m’est toujours resté. C’est peut-être pour cette raison que j’ai aimé Sean, si différent des autres.

           De l’anonymat le plus complet en France, nous avons intégré l’élite de Saigon. En plus de son cabinet privé, Père exerçait comme professeur à l’Ecole dentaire de Saigon. Il était issu d’une grande famille du Sud. Et nous étions invités partout. Maman qui travaillait sans relâche à Paris, n’ayant pas une minute pour s’occuper d’elle-même, s’était prise aux jeux des mondanités. Elle se faisait coudre des nouvelles tenues tous les deux mois. Elle se maquillait, sortait le soir, jouait au tennis. Trois domestiques étaient engagés pour s’occuper de la maison, du jardin et de mon petit frère qui venait de naître.

           Saigon en 1970 était la foire aux vanités. Malgré les attaques communistes, la bourgeoisie, la classe dirigeante se disputaient plus que jamais les honneurs, les porte- feuilles, les ministères. Et le week-end, des tables de poker, de baccara, de mah-jong apparaissaient dans les plus grandes demeures de la capitale.
           Le peuple courait, brûlait sous les bombes. Les émigrés affluaient par centaines, par milliers de la campagne, cherchant un peu de sécurité dans les villes. Ils s’entassaient dans des taudis, des baraques en bois, en taule, ou même en carton.
           Dans les villas des ministres et des généraux, surveillées par des bataillons équipés de mitraillettes et de talkies-walkies, les soirées dansantes battaient leur plein.
           Dans les bars- cafés, les G.I. flirtaient ou pleuraient dans les bras des prostituées qui riaient, qui se déhanchaient au rythme d’un slow, d’un jerk, d’un rock pendant que d’autres se consolaient dans un lit de l’arrière-boutique avec des filles de quinze ans qui donnaient le sein à leurs bébés en même temps qu’elles honoraient les soldats.
           Saigon se mourait d’asphyxie, de corruption, de débauche. Mais moi, je l’ignorais. Je me rendais matin et après-midi au lycée, et je rentrais sagement à la maison après les cours. La misère m’était inconnue parce que je ne fréquentais pas les quartiers pauvres. J’ignorais les orphelins parce qu’en dehors du chemin de l’école, je ne sortais qu’en voiture et accompagnée. Je ne voyais pas la guerre en dehors de l’attaque de février 1968, parce que je vivais à Saigon, et les actualités déformées par la télévision ressemblaient plus au cinéma qu’à la réalité.
           A un professeur d’histoire au lycée qui était également correspondant d’un quotidien parisien, je demandais ce qu’il envoyait comme articles à son employeur. Il m’a répondu :
- Des reportages sur la guerre, bien sûr !
- Ah ? ai-je dit. Et qu’y a-t-il à dire là-dessus ?

           Des tonnes de bombes étaient déversées sur le Nord−Viêt-nam. Les jeunes Américains à Washington manifestaient contre la guerre devant la Maison Blanche. Et à Saigon, l’homme de la rue trafiquait, volait, vivait au jour le jour, ignorant de ce qui se passait cinquante kilomètres plus loin.
           Ce Saigon là était mon quotidien. Maman soutenue par quelques amis, briguait un mandat de député. Et Père qui rentrait le soir avec ses excès de colère, ses crises de migraine, était l’image de l’autorité masculine. Je lui vouais une obéissance sans failles.
           Ce Saigon là était mon référentiel. De mes premières années vécues à Paris, je n’avais retenu que la langue française. La paix n’était qu’une abstraction pour moi.

          

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